1 April 2022
Rencontre avec Quentin Ribaud
Quelques heures avant d’entamer son programme officiel en Championnat de France des Rallyes Terre avec Clio Rally4, le tenant du titre inaugural en Clio Trophy France Terre revient sur sa carrière et son sacre national en deux-roues motrices... Dès demain, il visera le doublé avec sa fidèle copilote Mélissa Declerck et sa nouvelle équipe, Fun Meca Sport !
Quentin, comment êtes-vous arrivé en rallye ?
Plus jeune, mon père m’emmenait sur les rallyes de notre région et j’ai immédiatement adoré. Ma passion n’a fait que grandir au fil des années. Nous étions spectateurs sur toutes les épreuves locales, puis j’ai commencé à faire des photos. Quand j’ai eu seize ans, mon père a acheté une Clio Williams et nous avons fait notre premier rallye ensemble. J’étais bien entendu son copilote avant qu’il me passe le volant à mes dix-huit ans.
Quelle a été la suite ?
Pour mon premier rallye au volant, le Rallye de Sarrians, mon père devait être mon copilote, mais nous nous sommes rendu compte dès les reconnaissances que cela n’allait pas fonctionner ! J’ai dû trouver quelqu’un d’autre, il avait neigé et nous avons signé un huitième temps scratch dans une spéciale. Nous avons donc réalisé qu’il y avait plus de potentiel à gauche qu’à droite. J’étais déjà avec Renault, d’abord avec une Clio Williams, puis une Clio Ragnotti. J’ai ensuite fait deux saisons de Coupe de France, où nous avons atteint la finale en 2014, avant de basculer sur plusieurs formules de promotion à partir de 2015. En 2019, je me suis attaqué au Championnat de France Junior des Rallyes, puis au Clio Trophy France Terre en 2021.
Qu’avez-vous retenu de cette ascension ?
Mon parcours m’a fait acquérir beaucoup d’expérience tant sur l’asphalte que la terre. Nous connaissons toutes les épreuves sur les deux surfaces et le fait d’évoluer depuis trois ans avec Mélissa Declerck à ma droite m’a permis d’aller chercher les dixièmes de seconde et la régularité qui me manquait. Jusqu’à l’an passé, nous avions un certain manque de réussite, mais tout s’est concrétisé en 2021.
Pourquoi préférer la terre à l’asphalte ?
Disons que c’est ma surface de prédilection. Quand j’ai découvert la terre en 2016, je me suis immédiatement rendu compte que je prenais plus de plaisir sur cette surface. Mon pilotage était instantanément plus instinctif. Je me posais moins de questions, contrairement à l’asphalte où je réfléchissais trop aux réglages par exemple. La terre me paraît plus naturelle et le Clio Trophy France Terre représentait l’occasion parfaite de viser un premier titre…
Il y avait pourtant une belle concurrence avec Jean Paul Monnin et John Laroche…
La concurrence nous tire vers le haut et nous rend meilleurs. D’anciens concurrents évoluent aujourd’hui sur la scène européenne ou mondiale, donc tout cela participe à la construction de l’expérience tout en permettant de comprendre certaines choses, de repousser mes propres limites et de voir que je peux toujours progresser sur chaque course.
L’équipage formé avec Mélissa semble atypique de l’extérieur. Quelle est la recette du succès ?
Nous avons deux caractères assez différents. Je suis plutôt réservé alors qu’elle est extravertie, mais je pense que c’est exactement pour cela que notre binôme fonctionne. Nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Le feeling a été au rendez-vous dès notre première collaboration au Rallye d’Antibes en 2019. J’avais à cœur d’avoir une copilote féminine, car j’avais l’intuition que cela pouvait m’offrir ce petit plus qui me manquait. C’était la bonne décision. Mélissa m’apporte une certaine sérénité et elle m’a appris à me faire confiance. J’avais un peu de mal à croire en mes capacités. J’avais tendance à me démotiver au moindre pépin, mais elle est toujours là pour me pousser à ne jamais lâcher. Elle me donne ce juste équilibre dans l’habitacle.
Quel a été le moment fort de votre campagne ?
Difficile de n’en citer qu’un… Il y a eu notre victoire en début de saison au Rallye Castine. Nous avons mené du début à la fin sans rencontrer le moindre problème et ce premier succès était un peu une délivrance. Le fait de savoir que nous pouvions le faire a changé notre vision des choses. Nous avons adopté la même approche sur les autres rallyes et la confiance est venue plus facilement. Un autre moment fort a été une crevaison dans la dernière spéciale d’une épreuve. J’étais prêt à m’arrêter pour changer la roue, quitte à voir la victoire s’envoler, mais Mélissa m’a convaincu de continuer jusqu’à l’arrivée. À juste raison puisque nous avons réussi à nous imposer et à sceller le titre chez les Juniors !
Le titre national en deux-roues motrices devait être la cerise sur le gâteau…
Nous étions très heureux de remporter ce titre plutôt inattendu puisque nous nous étions focalisés uniquement sur le Clio Trophy France Terre auparavant. Après la finale aux Cardabelles, nous avons vu que nous étions bien placés et nous avons donc décidé de relever le défi du Rallye Terre de Vaucluse. Nous avons géré notre course en fonction de nos principaux concurrents pour sceller ce sacre. C’était le couronnement d’une saison vraiment parfaite avec BHR, 3P Racing, Mélissa, mais aussi nos partenaires et Renault qui se sont investis afin d’être au départ au Vaucluse. Je tiens également à remercier l’équipe qui a fait énormément pour que nous puissions rouler cette année. Cela fait vraiment plaisir d’avoir des gens comme Patrick Magaud et Patrice Fabre nous proposer le programme que nous avons eu en 2021. Je leur en suis extrêmement reconnaissant, tout comme je le suis envers Bastien Héron, ses mécaniciens et David Bertrand, qui nous ont permis d’évoluer dans des conditions fantastiques.
Comment abordez-vous le début de votre programme officiel avec Clio Rally4 ?
Je suis confiant. Je ne connaissais pas Jérémy et l’équipe Fun Meca Sport, mais tout le monde m’en a dit du bien et nous avons eu l’occasion de faire connaissance durant l’intersaison. Nous avons la même vision des choses et nous allons faire le maximum pour démontrer le potentiel de la voiture et obtenir d’excellents résultats !
Avez-vous ciblé des axes de progression durant l’hiver ?
Bien sûr comme on peut toujours s’améliorer. Je sais par exemple que j’ai tendance à trop assurer dans certaines sections par peur de crever, donc il faut que je me libère un peu dans mon pilotage dans les portions cassantes. Cette année, il ne faudra plus se poser de questions pour performer et démontrer les capacités de Clio Rally4 !