16 June 2014
LAURENT HURGON : « LA PRESSION D’UN TOUR DE QUALIFICATIONS »
Comment appréhende-t-on un circuit comme le Nürburgring ?
« Depuis 2008 et le premier record obtenu avec Mégane R26.R, Renault Sport Technologies a intégré l’Industry Pool du circuit. Cela signifie que nous effectuons régulièrement des essais dans le cadre des journées réservées aux constructeurs automobiles. En fait, le Nürburgring est devenu un point de passage obligé dans le développement des modèles de la gamme R.S. Après avoir bouclé quelques milliers de kilomètres, je connais le circuit par cœur. Mais cela ne m’empêche pas de rester extrêmement humble face à un tel monument. »
Comment avez-vous vécu cette tentative de record ?
« Il y avait une pression particulière, d’autant que les conditions de piste n’étaient pas idéales. Le moment venu, la concentration requise est similaire à un tour de qualifications et il faut faire abstraction de tout ce qu’il y a autour. La concurrence entre les prétendants au record est si rude que la moindre erreur de pilotage peut se payer cher à la fin du tour ! Passer sous la barre des huit minutes n’avait rien d’évident et nous avons énormément travaillé, sur la voiture mais aussi sur mon pilotage. Pour cela, j’ai passé beaucoup de temps sur le R.S. Replay. Basé sur les acquisitions de données du R.S. Monitor 2.0, cet outil d’analyse est à la fois simple et très puissant. Il permet d’obtenir de nombreuses informations, notamment sur les vitesses de passage en courbes. Une fois le record battu, j’ai évidemment ressenti de la fierté. Au-delà de ma satisfaction personnelle, c’est tout Renault qui bénéficie de cette performance. »
Avez-vous réalisé un tour parfait ?
« Je ne crois pas que cela soit possible sur le Nürburgring ! Quand on va de plus en plus vite, ne serait-ce que d’une ou deux secondes, on a l’impression de redécouvrir certaines portions du circuit. Les virages s’enchaînant et se conditionnant les uns avec les autres, on découvre donc sans cesse de nouvelles difficultés. En tous cas, j’ai fait de mon mieux et je n’ai pas commis d’erreur. Il s’agissait donc d’un bon tour ! »
Ce record battu vous permet-il de mesurer l’évolution des automobiles sportives ?
« Oui, c’est incroyable de réaliser que le record de Mégane R26.R, établi il y a seulement six ans, a été battu de plus de 23 secondes ! Cela démontre les progrès qui ont été accomplis, dans tous les domaines. Étape par étape, les limites sont régulièrement repoussées. Si nous prenons l’exemple du moteur, on peut se dire que le gain de 10 ch. dont bénéficie Mégane R.S. 275 Trophy-R n’est pas énorme. Mais cela a permis d’étendre la plage de couple, et j’ai pu passer la plupart des virages avec un rapport de plus qu’il y a trois ans. À la fin du tour, ce gain se chiffre en secondes. »